Portraits de créatrices engagées : de la théorie à la bouteille
Le profil de ces champagnes, et la finesse obtenue par les vigneronnes, font parler d’eux un cercle croissant d’amateurs. En voici quelques-unes qui incarnent ce virage.
Isabelle Tellier, chef de cave chez Jacquesson
Maison pionnière, Jacquesson est portée par son équipe de cheffes de cave passionnées, dont Isabelle Tellier, qui a fait le choix de la non-malolactique sur certains millésimes. Les cuvées, plus tendues, dévoilent une incroyable clarté : le Brut Nature Dégorgement Tardif, non dosé, en est la plus belle expression—zestes d’agrumes, salinité, amers nobles. Chez Jacquesson, on ne provoque la FML que si elle se lance d’elle-même. Sur le millésime 2008, par exemple, 70% des vins n’ont pas connu de FML (Source : La Revue du Vin de France, 2020).
Claire Leseurre, Champagne Leseurre
À la tête d’un jeune domaine familial de la Côte des Bar, Claire expérimente sur le chardonnay et le pinot noir. Dans sa cave ultramoderne, elle isole des jus pour vinifier sans malolactique, sur lie, puis les assemble. Résultat : son “Cuvée Spéciale FML” affiche 6,8g/L d’acide tartrique, contre 4g/L pour les cuvées classiques. Ce chiffre explique le ressenti : une sensation presque citronnée, à la fois tonique et salivante.
Karine Baillette-Prudhomme, Champagne Baillette-Prudhomme
Sur le Montagne de Reims, Karine revendique des cuvées “Malolactique non faite”—notamment son Extra Brut Blanc de Blancs Premier Cru, à l’esprit cristallin. Selon elle, « c’est le choix de laisser parler la craie, la tension, l’émotion ». Sa clientèle féminine grandit, séduite par ce style épuré et vivant.
- Moins de 5% de la production totale de Champagne en 2022 a été vinifiée sans fermentation malolactique selon les données du CIVC.
- Sur ce segment confidentiel, près de 20% des domaines concernés sont dirigés par des femmes (Source : Gault & Millau, 2023).