L’aube d’une nouvelle ère : réenchanter la vinification sans renier ses racines
Quand elle reprend la cave familiale, Sophie n’entend pas être la gardienne d’un musée. Son ambition est claire : préserver l’âme du domaine, tout en osant le grand saut dans la modernité. Mais comment innover sans trahir ? C’est toute la subtilité de son approche, qui mêle héritage et créativité, élégance et audace.
L’arrivée de la vinification parcellaire : révéler les mille visages du terroir
Historiquement, la Champagne privilégie l’assemblage de parcelles, terroirs et millésimes différents, pour garantir une régularité d’expression. Sophie, elle, décide d’aller plus loin : elle expérimente dès 2018 la vinification parcellaire, séparant les jus de ses vieilles vignes d'Aÿ, Damery et Cumières.
- Objectif : Mettre en lumière la personnalité singulière de chaque lieu-dit (Les Grèves, La Côte Beaudoin…), créer des cuvées monoplacettes aux arômes plus tranchés, profondément marqués par la craie ou l’argile locale.
- Résultat : La première série de micro-cuvées est élevée sans collage ni filtration, pour préserver au maximum la typicité du sol et des cépages.
Bois, amphores et cuverie high-tech : l’atelier secret de Sophie
S’inspirant de pratiques bourguignonnes, Sophie réintroduit la fermentation en fûts de chêne pour les parcelles les plus anciennes, utilisés à 40% pour la cuvée « Héritage » dès 2019. Les bois proviennent de la forêt domaniale de Verzy, à quelques kilomètres du domaine, réduisant ainsi l’empreinte carbone liée au transport (Forêt domaniale de Verzy).
L’autre grande nouveauté : l’expérimentation de jarres en grès, issues d’une poterie artisanale de la région. Ces recettes ancestrales, abandonnées au XXe siècle, connaissent chez Sophie une seconde jeunesse. Les essais en 2020 sur 2 barriques d’amphores, dédiées au Pinot Meunier, révèlent une texture plus soyeuse – une signature que la presse spécialisée salue (“La RVF”, édition juin 2022).
Mais la jeune vigneronne ne s’arrête pas là : elle digitalise aussi la gestion des fermentations grâce à des sondes connectées. Résultat ? Une précision accrue dans la gestion des températures et une diminution de 30% des écarts de fermentation, d’après les relevés 2021 du domaine.