Transmission en mouvement : la partition délicate de Marie-Louise de La Roche
La transmission de la vigne, ici, n’est pas qu’affaire de titres ou de partages notariaux. Pour Marie-Louise de La Roche, dirigeante respectée de la Maison 123, c’est d’abord un choix philosophique, transmis de mère en fille comme une confidence. Le passage de témoin s’est joué en douceur, dans une région où le morcellement parcellaire (avec près de 16 000 vignerons pour environ 34 000 hectares de vignes) fait de chaque héritage un vrai casse-tête.
La maison 123, née à Épernay en 1902, veille jalousement sur ses 24 hectares classés Premier Cru répartis en plus de 40 micro-parcelles : une mosaïque délicate mais d’une richesse inestimable. Marie-Louise a choisi de :
- Associer la nouvelle génération en douceur : Les réunions de famille sont devenues des conseils de vigne. Les décisions, prises en collégialité, permettent d’éviter la désunion et garantissent dès aujourd’hui la continuité du travail entamé il y a un siècle.
- Valorisation du foncier familial : Plutôt que de morceler, la maison mise sur la préservation de l’unité parcellaire, quitte à créer des groupements familiaux temporaires lors du changement de main, solution qui garantit l’identité du domaine.
- Transmission du savoir : Les petites-filles suivent la matriarche dans les vignes, découvrent la taille, la dégustation des moûts, et s’initient très tôt à la conduite administrative aussi bien qu’agronomique.
Marie-Louise sait que la Champagne a perdu, depuis cinquante ans, plus du tiers de ses exploitations tenues exclusivement en famille. Son ambition : conjuguer continuité patrimoniale et adaptation, afin de faire rimer Champagne au féminin dans toutes les générations à venir.