À celles qui ont déjà rêvé, entre deux réunions Zoom, d’un long rang de vignes sous la brume matinale, l’histoire de Caroline Dubois risque fort de résonner. Enfant du digital, issue de l’écosystème start-up parisien, Caroline Dubois s’est glissée là où on ne l’attendait pas : dans les sous-bois et les coteaux de Champagne.
Il y a quelques années, alors qu’elle dirigeait sa propre agence de communication digitale (source : Les Echos Entrepreneurs), elle prend la tangente. Un voyage, une série de rencontres, un questionnement profond sur le sens de son travail : le déclic. Elle veut s’engager concrètement, trouver du sens, et agir pour la planète. Puis, une bouteille mythique, dégustée chez une amie récoltante, finit de la convaincre… La suite ? La naissance de La Bulle Verte, une maison de champagne bio, pionnière en éco-responsabilité.
Changer de vie, changer de rythme, changer d’air – l’expression n’a jamais été aussi littérale ! Sourire communicatif, regard assuré, Caroline se forme d’abord en œnologie à l’Université de Reims, puis sillonne les routes de la Montagne de Reims pour expérimenter les différentes pratiques viticoles. Son but ? Fonder une maison de champagne indépendante, ancrée sur les valeurs environnementales et humaines.
Elle choisit le village de Verzy, terroir aux forêts majestueuses et aux sols calcaires. S’entourant d’agriculteurs bio locaux, de jeunes œnologues engagés et d’artisans verriers, Caroline jette les bases de son projet.
Dès la première cuvée en 2019, La Bulle Verte s’est distinguée sur trois innovations majeures :
Le packaging n’est pas en reste : bouteilles plus légères pour réduire l’empreinte carbone, étuis compostables confectionnés en fibres de lin locales, et étiquettes imprimées à l’encre végétale. L’amour du détail, toujours.
Ce que Caroline apporte du digital, c’est aussi une gestion agile, transparente et participative. La Bulle Verte fait le pari du circuit-court et de la vente directe, online et en boutique éphémère, jusqu'à lancer des ventes en “drops” à la manière des grandes marques de sneakers — 1 200 bouteilles par édition, pas une de plus.
Cette gestion collaborative, associée à une communication ultra-transparente (tout est tracé, de la parcelle à la palette), séduit particulièrement une clientèle féminine de trentenaires et quarantenaires urbaines (“Les Néovigneronnes”, étude cavistes 2023).
Au-delà du simple “bio”, Caroline et son équipe explorent en permanence de nouveaux horizons :
Si la Champagne a réduit de 20% son empreinte carbone entre 2003 et 2021 (source : Comité Champagne), La Bulle Verte fait figure de mini-laboratoire où chaque détail compte. La maison participe même à des projets pilotes sur la récupération de CO2 issu de la fermentation (valorisé pour des serres urbaines de Reims).
En 2021, la première cuvée reçoit une médaille d’argent au concours mondial du vin bio “Millésime Bio” à Montpellier et file sur les cartes prestigieuses parisiennes (mentionnée chez Frenchie et La Réserve). En local, quelques réticences : “Une geek de Paris qui veut bousculer la tradition”, chuchotent certains. Mais la fidélité de la clientèle et l’attention des médias spécialisés prouvent que l’audace, ici comme ailleurs, donne des ailes.
L’histoire de Caroline Dubois montre à quel point les frontières entre univers — digital, rural, oenologique — s’effacent dès qu’il s’agit de passion et de sens. En trois ans seulement, La Bulle Verte a su imposer un style, une exigence, et une certaine idée de la Champagne : engagée, créative, et résolument féminine.
Retenir le fil de cette aventure, c’est deviner que la Champagne d’aujourd’hui ne se conjugue pas qu’au passé composé. La preuve par l’exemple : pour chaque bouteille, une histoire et un engagement. Pour chaque femme, une invitation à s’aligner sur ses valeurs, à bousculer les codes, qu’ils soient de la vigne ou du quotidien.
Envie d’aller plus loin ? La Bulle Verte organise visites “en coulisses”, ateliers de dégustation et rencontres avec d’autres vigneronnes pionnières de la région.
Rien de plus beau que ces histoires qui fermentent et pétillent, dans la lumière dorée d’un matin sur la montagne de Reims…