Portraits croisés : trois femmes, trois manières d’innover
Caroline, la pionnière des sols vivants
Depuis 2016, Caroline a repris la petite exploitation familiale, avec la conviction que le vrai luxe demande du temps et de l’attention. Son credo ? Réintroduire la couverture végétale entre les rangs, décompacter les sols en douceur, bannir les désherbants. “On travaille à pied, on laisse le temps aux vers de terre de faire leur révolution souterraine,” glisse-t-elle, sourire en coin.
En deux ans, la biodiversité visible a doublé dans ses vignes : coccinelles, abeilles mais aussi hérissons s’invitent à la fête, et même les carabes, ces alliés si discrets des vignerons. Les analyses de sol montrent -40% de compaction par rapport à la moyenne régionale selon le Comité Champagne. L’impact sur les raisins se ressent tant à la dégustation qu’à la vinification : moins d’apports correctifs, plus de matière, une signature unique.
Julie, la passion des cépages oubliés
Julie incarne une nouvelle génération qui ose. Sur son exploitation en coteaux, elle a réintroduit le Pinot Meunier en forte proportion – alors qu’il a longtemps été considéré comme un cépage “mineur” par rapport au Pinot Noir ou blanc. Mais, plus audacieusement encore, elle plante quelques rangs d’Arbanne et de Petit Meslier, deux cépages locaux quasi oubliés, résistants naturellement à certaines maladies et nécessitant moins de traitements.
En Champagne, seuls 0,3% du vignoble est planté dans ces cépages rares (La Revue du Vin de France). Julie y voit une façon élégante de lutter contre la standardisation mais aussi de limiter le recours aux traitements phytosanitaires. Son ambition : redonner toute sa palette d’expression au terroir de Cumières.
Claire, quand la précision tutoie l’éco-conception
Claire, ingénieure de formation devenue vigneronne par passion, a investi dans des outils de cartographie par drone. Chaque hiver, elle analyse l’état de ses parcelles pour affiner les apports, ne pas surdoser, ne pas gaspiller – ni ressources, ni temps. Elle utilise aussi des cuves ovoïdes en béton naturel, réduisant de 70% la consommation d’eau au chai (source : Vigne & Vin), et travaille avec des fournisseurs engagés dans l’économie circulaire pour ses emballages.
- Flacons plus légers : -15% d’émission carbone à la production.
- Étuis et cartons issus de forêts gérées durablement.
- Récupération systématique des eaux de pluie pour le nettoyage du matériel.
Pour elle, la logistique compte autant que la vigne : chaque détail est pensé pour minimiser l’empreinte environnementale, jusqu’à l’organisation de visites œnotouristiques à pied ou à vélo.