L’art du dégorgement à la volée : une tradition vivace dans la vallée
Dans la Vallée de la Marne, aux abords de Damery, Châtillon-sur-Marne ou encore Mareuil-le-Port, on croise encore des vigneronnes et vignerons qui préfèrent le dégorgement à la volée, à l’ancienne. Un art où l’on fait sauter le dépôt sans congélation, à la seule maîtrise du geste et de la pression de la bouteille.
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Le matériel : un simple décapsuleur, un seau pour recueillir la première giclée, un geste vif et assuré.
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Le risque : la perte de quelques centilitres et, parfois, de bulles. Mais à la clé : une authenticité, une complexité aromatique, quelques minimes résidus... et surtout, une âme.
En chiffres : il faut moins de 2 secondes à un professionnel aguerri pour dégorger une bouteille à la volée, et certaines maisons artisanales préparent jusqu'à 500 bouteilles dans une matinée lors des grandes séries. Mais sur une micro-cuvée précieuse, chaque flacon est dégorgé à la main, sans précipitation (Vignerons indépendants de Champagne).
Pourquoi les vigneronnes de la Vallée de la Marne y tiennent tant ?
La réponse est simple : la tradition comme vecteur d’émotion. Pour Céline, vigneronne à Ay, « le dégorgement à la volée, c’est comme un rite d’initiation. On sent battre le cœur du vin, on partage ce moment avec chaque bouteille » – (propos recueillis lors de la ).
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Chacune de ces bouteilles exprime une singularité – il n’y a pas d’automatisation possible.
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Pour les cuvées parcellaires, le dégorgement manuel permet de respecter la micro-vinification, apportant une nuance différente à chaque lot.
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Ce savoir-faire, transmis de mère en fille, devient un acte militant pour la sauvegarde du patrimoine viticole féminin de la vallée.